Skip to content Skip to main navigation Skip to footer

Chasuble

Messe de saint Grégoire

Le vêtement symbolique du prêtre

La chasuble trouve une origine profane dans le manteau porté par les voyageurs durant l’Antiquité romaine. Elle est ensuite utilisée par les premiers chrétiens pour distinguer les officiants des autres fidèles. Au VIIIe siècle, la chasuble devient proprement liturgique et s’impose comme le vêtement par excellence du prêtre. Il la reçoit à son ordination sacerdotale et elle ne peut être portée que par lui et seulement pour la célébration eucharistique.

La chasuble est ainsi le support d’une construction identitaire : elle symbolise la charité du prêtre, essence même de Jésus-Christ. Par sa forme enveloppante originelle, à l’instar de l’amour du Christ qui enveloppe le prêtre, elle fait de ce dernier un alter Christus. La prière récitée par le prêtre lors du rituel de vêture avant la messe témoigne bien de cette fonction symbolique de la chasuble. Quand il endosse la chasuble, il dit :

Domine, qui dixisti: Jugum meum suave est et onus meum leve: fac, ut istud portare sic valeam, quod consequar tuam gratiam. Amen.

Seigneur, Vous avez dit : Mon joug est doux, et mon fardeau léger. Faites que je puisse porter celui-ci de manière à mériter votre grâce. Amen.

 Chasuble de Thomas Becket, vers 1170. 
Tournai, cathédrale Notre-Dame 
 [© KIK-IRPA, Brussels (Belgium), cliché X088636]

Formes et décor de la chasuble : les adaptations aux besoins liturgiques

Chasuble de David de Bourgogne, évêque d’Utrecht, XVe s. 
Liège, cathédrale Saint-Paul
 [© KIK-IRPA, Brussels (Belgium), cliché KN006101]

À l’origine de forme ample et souple, la chasuble est ornée dès le IVe siècle de bandes de pourpres (clavi). Ces bandes s’élargissent pour devenir des orfrois, c’est-à-dire des broderies tissées d’or et/ou d’argent, illustrant des thèmes évangéliques. À mesure que s’affirme l’importance symbolique de la chasuble, les orfrois et broderies s’alourdissent de plus en plus à la fin du Moyen Age. Le poids de l’étoffe, gênant le prêtre dans le geste d’élévation de l’Hostie, nécessitait alors l’aide d’acolytes pour lever le vêtement. C’est ainsi, pour des raisons de commodité, que les liturgistes ont expliqué l’évolution de la chasuble vers une forme d’abord ovale dès le XIe siècle, puis plus courte et échancrée au XVe siècle.

Au XVIIe siècle, elle n’est plus constituée que de deux pans d’étoffe tombant de part et d’autre du corps, le pan avant souvent « taillé en violon » étant plus court que le pan arrière, portant une croix.

Chasuble du XVIIe siècle. Bruges, cathédrale

Un vêtement sacré

Bénite, la chasuble est sacrée. Si la chasuble est en trop mauvais état, elle devient impropre à la célébration de la messe et peut être désacralisée (rite d’exécration). De même, un changement profond de la forme initiale nécessite une nouvelle bénédiction. Un vêtement altéré est toutefois parfois gardé en raison de sa beauté, sa valeur, ou de la personne illustre qui l’a porté.

Une étude de cas : La chasuble de Jean de Romont (ca. 1500)

Conservée au Musée diocésain et Trésor de la Cathédrale de Namur